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France
Il existe en France de nombreux groupes de foyers mixtes répartis sur le territoire national. Certains importants en nombre, comme à Versailles ou à Paris Annonciation-Assomption. D'autres plus restreints mais irriguant une région plus étendue comme à Privas en Ardèche. Et puis à Lyon où de nombreux groupes travaillent, depuis le début des années 60, dans la mouvance du père Beaupère et du Centre Saint-Irénée qui fédère en France les groupes de foyers mixtes. La revue, petite par son format, mais grande par son contenu, éditée à Lyon, maintient le lien entre tous les groupes en France (et en Suisse avec lesquels existent des liens anciens et très forts). En parcourant la page 2 de couverture on peut constater la bonne répartition du réseau des correspondants de la revue dans toutes les régions de France. Ceux-ci se réunissent régulièrement pour entretenir un contact direct entre eux et la rédaction de Lyon.
Pour répondre à la question demandée, nous avons interrogé le groupe de jeunes foyers mixtes de Lille. Ce groupe n'est pas à proprement parler lillois. la majorité de ses membres venant d'ailleurs. Par sa composition, il est représentatif des autres groupes qui se réunissent un peu partout en France. C'était une manière de vérifier concrètement ce que nous ressentions, nous couple plus àgé. Ils nous ont fait une analyse des thèmes abordés au cours de leurs rencontres des trois dernières années. Avec eux nous avons assez vite vu surgir trois points qui ressortent nettement dans les préoccupations actuelles des foyers mixtes.
- L'intercommunion vient en premier dans les préoccupations. Ce qui, je dois le dire, correspond à ce que nous ressentons à la suite de ce que nous avons vécu douloureusement à une rencontre nationale œcuménique fin avril. On constate un raidissement très net de l'épiscopat français sur ce sujet. Les autorisations d'intercommunion ne sont plus données aussi régulièrement pour des rencontres œcuméniques ponctuelles.
- Se faire reconnaître comme foyer mixte en tant que tel dans ses conimumautés ecclésiales. Comment participer Ain et l'autre à la vie de son église ? Nous sommes acceptés, reconnus, accueillis mais le membre de l'autre Eglise n'est pas reconnu dans toute sa richesse pouvant apporter un autre souffle à cette continunauté.
Même du côté protestant cette question étant mal vécue dans certaines continunautés, l'Eglise Réformée de France a étudié en synode le "membre d'Eglise" qui clarifie la place que peuvent prendre les conj . oints de couples mixtes dans la vie des communautés protestantes. Ce thème a été étudié à deux reprises par le groupe de Lille.
Il en découle un besoin et une résolution : être plus visible comme foyer mixte dans les communautés respectives, le foyer mixte étant reconnu comme unité à venir. Et même un constat : les foyers mixtes sont le poil à gratter des Eglises.
- Et pour être mieux à même de jouer pleinement son rôle de foyer mixte il existe un grand souci de mieux se connaître soi-même et de mieux connaître sa propre Eglise et celle de l'autre.
De toute manière il est important pour chacun de rester fidèle à son Eglise tout en étant parfois en désaccord avec elle.
Michel et Maguy THOMAS
Angleterre
L’Association des "Interchurch Families" (Familles inter-Eglises) existe en Angleterre depuis trente ans. Ce laps de temps permet au Saint Esprit de se manifester, mais pour les êtres humains trente années représentent la durée d'une génération. Nous en sommes à la deuxième génération des Interchurch Families. Les personnes présentes en 1968 ne sont plus aussi jeunes : elles sont toujours très actives mais le problème se pose de leur succession.
Nous avons perdu récemment un de nos principaux fondateurs, le père John Coventry, jésuite. Durant ses funérailles, il a été dit que les Interchurch Families constituaient une de ses œuvres les plus importantes: cela nous a beaucoup encouragés d'autant plus qu'il s'y est mis à
cinquante ou soixante ans (il est décédé à quatre-vingts ans) : ce qui prouve qu'on peut faire beaucoup de choses en vingt ans !
Nous avons dû changer et remplacer un expert très an fait par un comité de prêtres catholiques et d'autres experts.
Autre nouvelle : Martin et Ruth Reardon ont été honorés par la reine et par l'archevêque de Cantorbéry : ils ont reçu la croix de saint Augustin, véritable honneur pour l'association.
Nous avons maintenant des gens salariés et, Anglais, nous sommes terriblement organisés !
... Tellement organisés, que Chris me passe le flambeau pour la partie pratique. Ces derniers temps, nous avons travaillé dur sur la question du partage eucharistique. Nous avons essayé d'obtenir des possibilités d'admission reconnues en Angleterre. Nous avons pour cela composé une plaquette "Partager la communion" ; nous avons eu des réunions avec des évêques : les évêques catholiques nous ont consultés : vous imaginez ! Nous avons écrit des lettres à la presse... La situation en Angleterre est diversifiée : quelques couples ont eu la permission de recevoir régulièrement la communion ensemble, d'autres seulement de temps en temps. Nous attendons avant la fin de l'année un document des évêques d'Angleterre et du Pays de Galles sur l'eucharistie. Nous supposons que l’Irlande et d'Ecosse apporteront leur participation à ce travail. [NDLR : ce document est paru début octobre]
Plusieurs évêques ont répondu favorablement à des demandes d'admission à la communion pour des occasions spéciales: anniversaires de mariage, Noël, Pâques... Ce mode de permission risque d'être trop occasionnel (y compris dans le document en préparation). Nous travaillons donc très fort pour obtenir une permission plus régulière. Ce serait un véritable pas en avant : je pense à Brisbane, à l'Allemagne, à l'Afrique du Sud. Mais je soupçonne que la position d'Afrique du Sud devra être nuancée.
Quant à nos jeunes, nous avons des problèmes avec la confirmation. Mais nous avons estimé qu'il fallait focaliser notre engagement sur le partage eucharistique.
Je termine par une note personnelle montrant que nous sommes pleins d'espoir. Lorsque Chris et moi nous sommes mariés, nous n'avons pas pu recevoir la communion ensemble. Depuis, nous avons reçu cette permission deux fois : pour la première communion de nos deux enfants. Cet été nous avons à nouveau écrit à notre évêque lui demandant la pemission pour nos vingt-trois ans de mariage ; eh bien nous avons eu la permission. Voyez les choses changent en Angleterre !
Chris et Mary BARD
Australie
En Australie, nous avons un problème similaire à celui du Canada et de l'Amérique : les distances. Nous habitons à Newcastle, à environ cent cinquante kilomètres au nord de Sydney. Pour vous rejoindre, nous avons voyagé trente heures dont vingt-cinq dans les airs 1.
Je suis anglican ; ma femme, catholique. Notre diocèse anglican recouvre toute l'aire du diocèse catholique plus une partie d'un deuxième. Je suis membre de la commission œcuménique de mort diocèse et Beverley l'est de la sienne. Nous avons des réunions conjointes. A la dernière lurent présentés des documents sur l'eucharistie. Nous avons beaucoup de chance car nos évêques sont de très bon amis et font beaucoup de choses ensemble. Nous sommes tous deux aussi membres de la commission œcuménique de l'Etat de New South Wales : nous nous réunissons une fois par mois à Sydney.
Interchurch Families a quatre groupes en Australie : Brisbane est le groupe le plus actif (ils interviennent dans des conférences du clergé, préparent des jeunes au mariage...). Ce sont eux qui nous ont donné le courage de fonder un autre groupe dans la région de Newcastle. Il y a aussi un petit groupe à Perth et un quatrième à Melbourne.
Notre petit groupe existe depuis deux ans. Nous ne sommes que quelques couples mais nous avons l'aide de l'évêque Michael Putney de Brisbane. Je lui ait dit: "Est-ce que ça vaut la peine de commencer avec si peu de monde T'. Il m'a répondu : "Commence, I'Esprit Saint va vous conduire". Et l'Esprit Saint nous a conduits : nous n'aurions pas fait l'effort de venir jusqu'ici si nous n'avions pas compris que nos évêques et les responsables de l'Eglise unie de notre région nous soutenaient. Nous pourrons leur rapporter des informations comme aussi à nos commissions œcuméniques.
Kevin et moi nous sommes mariés en 1959 avant Vatican Il. Nos enfants sont élevés en catholiques. Je dois avouer que je crois que je ne me serais pas mariée s'il n'avait pas été d'accord pour qu'il en soit ainsi. Vatican Il a changé beaucoup de choses. Il y a eu une grande conversion en moi et en Kevin aussi.
Récemment la commission de dialogue anglicane-catholique a suggéré que le 3 juin (fête catholique des trente-six martyrs de l'Ouganda au siècle passé mais aussi anniversaire de la mort de Jean XXIII) dans toutes les paroisses il y ait un geste de réconciliation entre catholiques et anglicans. La suggestion n'a pas bien pris mais nos deux évêques ont fait quelque chose : dans la cathédrale catholique de notre ville il y eut une célébration de réconciliation : chacun des fidèles présents pouvait laver ses mains dans l'eau baptismale et prier pour que les expériences du passé ne se renouvellent pas. Debout, à côté des fonts baptismaux portés par un anglican et un catholique, les deux évêques essuyaient les mains avec une serviette blanche. On nous a dit que cette cérémonie fort émouvante va être célébrée chaque année et nous espérons qu'elle se répandra dans d'autres communautés.
Nous avons quatre enfants. L'un a fait un mariage inter-religieux et nous avons quatre petits-enfants élevés dans la foi juive. Deux autres ont fait des mariages inter-confessionnels. Si bien que parmi nos dix petits-enfants, outre les quatre qui sont élevés dans le judaïsme, deux ont été baptisés dans l'Eglise catholique, trois dans l'Eglise unie et le dernier va l'être dans l'Eglise anglicane nous avons une famille très intéressante.
Mes parents étaient déjà un couple interconfessionnel: ils ont dû se marier en dehors de l’Eglise. Mon père était un anglican nominal qui n'allait jamais à l'église ; nous avons été élevés dans le catholicisme mais dans une ambiance œcuménique. Ce fut une grande joie pour moi que de pouvoir apporter l'eucharistie à mon père pendant sept mois à l'hôpital, bien qu'il ne soit pas catholique. Cela nous oriente vers un avenir du mouvement œcuménique. Tout ce que nous entreprenons vaut la peine.
Notre groupe de Brisbane vient de publier un livret "Histoires de familles interconfessionnelles" qui pourrait vous intéresser.
Merci de m'avoir écoutée. C'est une grande joie d'être ici.
Kevin et Beverley HINCKS
Italie
En Italie, il y a un an, est paru le Texte commun de l'Eglise catholique et de l'Eglise vaudoise méthodiste pour une pastorale des mariages entre baptisés des deux Eglises. Ce texte fut présenté à Graz comme signe de réconciliation entre deux Eglises qui ne se sont jamais parlé pendant huit cents ans. Les seuls contacts avaient été les tentatives de la plus grande d'écraser la plus petite.
Cinq ans de dialogue ont suffi entre une Eglise qui a des millions de baptisés et une autre quelques dizaines de milliers de membres pour que le miracle arrive ; un document œcuménique, équilibré, pastoral tel qu'on l'avait désiré depuis longtemps. Un document qui, à la différence d'autres en Europe, a obtenu - après un long cheminement - l'approbation de la Congrégation de la doctrine de la foi dirigée par le cardinal Ratzinger ainsi que la Recognitio, c'est-à-dire l'approbation du Saint Siège, au-delà de l'accord de la Conférence épiscopale italienne et du Synode vaudois.
A présent, les travaux de la commission se poursuivent : on travaille aux textes d'application et, s'il est possible, des propositions pastorales. La commission est formée de six délégués catholiques (trois évêques et trois prêtres) et six vaudois (quatre pasteurs et deux laïcs) qui ont demandé à mon mari et moi de travailler avec eux comme consultants.
Malheureusement, les travaux trament à notre goût de foyer mixte. Les années passent et ce Texte commun, même s'il est publié, n'est pas encore mis en pratique. Il est ignoré par les bureaux diocésains et par certains pasteurs. Ou bien, on veut l'ignorer. L'on sait bien que certains thèmes ne pourront pas être touchés. Peut-être arrivera-t on à souhaiter une catéchèse œcuménique, sans aller au fond. Cela sera-t-il suffisant pour nos communautés sclérosées, pleines de préjugés ? Et la table eucharistique commune ? Il y a des vetos surtout de la part de Rome. Les couples mixtes seront-ils encore comme excommuniés '? C'est la principale préoccupation des foyers mixtes italiens. Nous sommes en train d'en parler dans les rencontres de groupes de foyers mixtes à Pinerolo : parler et prier.
Gianni et Myriam MARCHESELLI
Etats-Unis
L’idée de former une association de foyers interconfessionnels est venue il y a douze ans du père George Kilcourse après qu'il ait connu l’AIF en Grande Bretagne. Il y a deux ans, à Virginia Beach, un comité AIF a été fondé et, en 1997, nous avons eu notre première réunion annuelle au Kentucky où nous avons voté la constitution.
Nos problèmes sont l'immensité des distances et la pluralité des Eglises (beaucoup plus qu'en Europe). S'y ajoutent des demandes de mariages inter-religieux et l'internet, très important pour nous car faire des visites coûte beaucoup trop cher. L'internet nous aide à communiquer entre nous, mais aussi - chose très importante -à être en contact avec des couples que nous ne connaissons pas. Il arrive que des couples nous demandent conseil et que nous arrivions à leur apporter un peu d'aide : puis nous nous rendons compte qu'ils habitent à plus de cinq mille miles de chez nous !
Nous témoignons ainsi dans des groupes de travail et des conférences. Notre prochaine réunion annuelle se déroulera à Omaha (Nebraska) en 1999.
Michael et Barbara SLATER
Canada
Notre Association a été constituée en juillet 1996 à Virginia Beach Les buts formulés à l'époque ont été réalisés :
1/ Une "home page" sur internet avec 24 une adresse e-mail. Ray Temmermann de Morden, créateur et responsable de ce site web, nous rapporte qu'on y trouve : tous les articles de "l’Interchurch Families" depuis 1990 ; la plupart des articles du bulletin anglais des jeunes "Interdependent" ; des articles de différents foyers mixtes du Canada, des Etats-Unis et d'autres pays. Pendant ces seize derniers mois, mille six cents accès ont été enregistrés. Sur le fichier des adresses, se trouvent les noms de cinquante-cinq personnes de huit pays.
2/ Afin qu'un membre de l'AIF/Canada fasse partie du Conseil du Centre canadien pour l'œcuménisme à Montréal, j'y ai été envoyé en octobre 1997.
3/ Activités annuelles (résumées par FM) : les cinq groupes (Calgary, deux à Saskatoon, Morden, Montréal ; et, peut-être, bientôt à Toronto) s'étalent sur une distance de cinq mille six cents kilomètres, de l'Atlantique au Pacifique. Comme il y a très peu de pasteurs à la campagne, un pasteur peu ouvert représente un vrai problème... Les groupes organisent des réunions avec les évêques locaux, des préparations au mariage, des séminaires et des conférences dans des groupes œcuméniques, dans des synodes et dans des "instituts d'été". Nous prenons des repas avec des pasteurs et des prêtres. Des experts œcuméniques (avec M. Lawler, le père George Kilcourse et le père Philippe Thibodeau) ont constitué un groupe de travail sur les mariages mixtes. Et le luthérien B. Karstad fait maintenant partie du conseil de la paroisse catholique où il a connu sa femme !
Craig BUCRANAN
Irlande du Nord
Maintes fois en lrIande du Nord, particulièrement pendant la première semaine de ce mois de juillet, on a pu établir des parallèles avec la situation en Croatie. Aussi, je me sens privilégiée de suivre l'intervenant de ce pays car il n'a pas tellement mis le poids sur les Eglises mais
sur les communautés ; sur les difficultés de vivre dans des communautés très diverses où la haine et les conflits tribaux dominent.
L'Association des mariages mixtes en Irlande du Nord a été fondée en 1974. A cette époque, la communauté de Corrymeela, qui s'est engagée pour la paix en Irlande du Nord pendant les trente dernières années tellement dures, avait rencontré nombre de couples en grande difficulté. Ces couples voulaient se marier à travers la "grande division" comme nous l'appelons. C'était l'époque où l'Eglise catholique romaine insistait sur l'éducation catholique de tous les enfants issus des foyers mixtes. Il a toujours existé une tradition en Irlande du Nord selon laquelle tous ceux qui voulaient obtenir la dispense de l'Eglise catholique pour épouser un protestant devaient aller en Angleterre afin d'éviter le scandale. On pouvait peut-être se marier dans une petite chapelle à la campagne pour que personne ne le sache - comme aussi les femmes enceintes.
Il y a six ans, nous avons obtenu de l'argent du Comité des relations communales qui s'est rendu compte que l'Association des foyers mixtes pouvait contribuer au développement des liens entre les communautés. Ainsi nous avons maintenant un salarié à temps partiel et un bureau.
Nous devons "faire avec" la séparation des Eglises comme vous tous qui êtes ici. Mais, en plus, nous devons "faire avec" la ségrégation des habitations et de la scolarisation. C'est surtout difficile pour les classes modestes. Les classes moyennes peuvent choisir l'endroit où elles veulent vivre : elles peuvent acheter de la sécurité. Mais les classes plus pauvres, qui doivent habiter des HLM, doivent aller là où on leur indique.
Beaucoup d'entre vous ont sans doute appris ce qui s'était passé la semaine passée - qui nous a donné l'impression de durer un siècle - : lorsqu'une bombe à pétrole a tué trois enfants. Ian Paisley a dit : "Quel dommage que ce soit arrivé, touchant des enfants d'un ménage mixte élevés protestants... S'ils avaient été catholiques, cela aurait été pareil". Mais cette deuxième partie de la phrase est arrivée un peu trop tard.
En fait, ce drame fut un événement révélateur. En profondeur, le motif de ces morts était la haine que les Protestants portent aux Catholiques. Pas tous les Protestants, mais beaucoup d'entre eux, en tout cas les extrémistes. Beaucoup de foyers interconfessionnels, ne pouvant choisir l'endroit où vivre, sont terrifiés et intimidés et doivent quitter leurs maisons. Beaucoup l'ont déjà fait, justement ce mois dernier. Ce fut un événement extrêmement angoissant, rappelant l'année 1974 où les Protestants extrémistes avaient réussi à paralyser toute l'Irlande du Nord. Ils avaient bloqué l'aéroport et les ports, pris le contrôle des égouts et menaçaient de couper l'électricité. Cet événement de début juillet fut comme une reprise de ce temps. Heureusement, ce n'est pas allé jusque-là. Quelques Eglises ont finalement levé la tête et dit : "Assez". Quelques personnes dans l'Ordre protestant d'Orange et quelques chapelains ont dit : "Ça, ce n'est pas ce dont nous devrions nous occuper". Mais d'autres n'ont pas tenu ce discours.
L'AIF est très concernée par le sectarisme. L'Eglise (anglicane) d'Irlande du Nord a mis en place une sous-commission sur ce thème. L'AIF nous a transmis un document. Aussi, sommes-nous allés les voir et nous leur avons expliqué que, en un certain sens, tout le monde est sectaire : dans le même sens que tout le monde est raciste. Nous devons faire face à cela car, en Irlande du Nord, on se raconte beaucoup d'histoires, on dénie les choses en disant: "Moi, je ne suis pas sectaire, je suis sympa avec tout le monde". Et, seulement quand le bateau a coulé, on se rend compte à quel point on est sectaire sans vouloir le reconnaître. Dans ce cas, on n'entreprend pas le processus nécessaire pour s'en débarrasser.
Par ailleurs, l’AIF en Irlande du Nord a fait une proposition à l’Eglise anglicane attirant son attention sur les difficultés dans les écoles. Nous avons maintenant créé un projet d'écoles communes aux Protestants et catholiques avec un équilibre entre les traditions, entre le personnel et entre les membres du comité directeur. Mais, bien sûr, les Eglises n'apprécient guère car jusqu'à maintenant toutes les écoles étaient dominées par les Eglises. En fait, les Eglises protestantes sont prêtes à regarder le problème,
l'Eglise catholique refuse même d'en discuter. Nous aimerions élever nos enfants pour qu'ils puissent réfléchir sur eux-mêmes, au milieu d'autres personnes, et qu'ils puissent partager leurs traditions de la même façon que nous, les ménages mixtes, pouvons partager nos traditions et grandir ensemble.
Encore une chose : quelques membres de l'Eglise d'Irlande du Nord, dont William, ont estimé que leurs communautés étaient extrêmement lâches dans leur manière de se positionner face à l'utilisation des églises par 1’"Orange Marges", organisation qui a engendré des dissensions sociales et du désordre. Eux aussi sont allés voir les évêques et, très récemment après le drame, l'Eglise d'Irlande du Nord a commencé à admettre qu'il s'agissait d'une question à traiter.
Dans l'horreur de la semaine de Drumcree, beaucoup de choses se sont produites : d'abord nous avons un premier ministre, à Westminster, qui a une très large majorité et, grâce à cela, il n'est dépendant d'aucun membre du parlement d'Irlande du Nord (pour conserver le pouvoir, comme c'était le cas pour John Major). De plus, nous avons eu un référendum : la majorité, 70 %, a dit qu'elle voulait la paix. Il a été suivi par un vote de l'assemblée qui s'est déclarée, à 70 % également, en faveur de la paix. Cette fois-ci, les "Ulster-protestants" ont été battus grâce à la solidarité de tout le monde. Ainsi, nous espérons que plus personne ne souffrira ni ne mourra.
Croatie
Moi, je suis baptiste, et ma femme catholique. En Croatie, la grande majorité est catholique (quatre millions trois cent mille). Il y a six cent mille Serbes orthodoxes, deux mille cinq cents
baptistes et plusieurs autres dénominations protestantes.
Dans notre pays, nous n'avons pas de tradition de contact ou de dialogue œcuménique. Cependant, au début de cette année 1998, Dons avons fondé la première instance œcuménique permanente, la "Commission œcuménique de coordination des Eglises en Croatie" regroupant l'Eglise catholique romaine, l’Eglise serbe orthodoxe et des Eglises protestantes (réformés, luthériens, baptistes, pentecôtistes). Voici une brèche significative dans le mur entre les Eglises en Croatie. On l'attendait depuis longtemps.
D'autre part, plus particulièrement pendant la guerre, il y eut un mouvement grandissant et des initiatives, surgis des urgences des personnes. Ces personnes vivaient souvent dans des foyers rnixtes et leurs communautés respectives - la communauté religieuse et la communauté ethnique car les Croates sont pour la plupart catholiques et les Serbes, orthodoxes - faisaient pression. Beaucoup de couples se sont séparés, incapables de résister à cette pression exercée quelquefois ouvertement par les communautés, quelquefois plus indirectement par les familles et les voisins.
Quelques-uns d'entre nous, impliqués avant dans le travail œcuménique, se disaient : il faut faire quelque chose pour fortifier ces foyers interconfessionnels pour qu'ils deviennent des signes d'espoir: le signe que la vie après la guerre, la vie ensemble est possible ; que les conflits et les différences peuvent être résolus et que la paix peut être établie réellement.
En Bosnie, 30 % des mariages sont interconfessionnels ou inter-religieux. Notre travail - moyen de survie pour eux - passe aussi par divers groupes de paix. Pendant la première session de la Commission œcuménique de coordination, la question des foyers interconfessionnels a surgi comme un souci pastoral pour toutes les Eglises membres. Nous espérons trouver la manière de nous approcher des paroissiens, au niveau de la "base". Nous espérons aussi pouvoir assurer une cure d'âme en passant par les structures de ces Eglises et apporter un support à ces familles qui, surtout à la campagne, ont de grands problèmes.
Je crois que nous ne devons pas commencer à zéro. Vos expériences nous apportent beaucoup à nous, foyers interconfessionnels (notre famille est aussi un groupe de familles interconfessionnelles) et aussi à nos Eglises en Croatie et en Bosnie et à notre Commission œcuménique de coordination des Eglises en Croatie.
A mon retour, je suis censé leur faire un rapport de ce Rassemblement. Pour tous ces défis dans mon pays, nous comptons sur votre soutien par vos expériences et par la prière.
Boris PETERLIN
Autriche
Mariés depuis quarante-six ans, nous avons cinq enfants et treize petits-enfants. Notre mariage a été célébré selon le rite catholique et mon mari a dû s'engager à élever ses enfants dans la foi catholique. Nous avons trouvé un groupe œcuménique qui se réunit chaque mois. Avec l'aide de quelques couples interconfessionnels nous avons réussi à fonder le groupe de travail ARGE OEKUMENE.
A cause de la situation géographique de l'Autriche, nous avons aussi le défi de nous engager dans un mouvement œcuménique qui traverse les frontières. Ainsi il fut possible de donner une conférence pendant le Forum des femmes chrétiennes d'Europe en Roumanie il y a quatre ans. Pendant le deuxième Rassemblement œcuménique européen de Graz (1997), nous avons pu constater encore combien la population des pays de l'Est est intéressée par le mouvement œcuménique.
Depuis deux ans à la Faculté de théologie catholique d'lnnsbruck, existe un projet d'étude sur le mouvement œcuménique. Des représentants des Eglises orthodoxe, catholique et protestante y collaborent. Il s'agit surtout d'arriver à la reconnaissance officielle de l'hospitalité eucharistique. Nous avons le projet de faire une demande à Rome, afin de recevoir une réponse claire et positive.
Ulla URBAN
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